La Cène

Lorraine

 

Cat. 18
Lorraine
La Cène
2e moitié du XVIe siècle
Calcaire polychromé
H. 73 ; L. 230 ; Pr. 16 cm
Inv. 95.112
Don d’Alexis-Basile-Alexandre Menjaud, évêque de Nancy, 1851

Réalisée par le même sculpteur que les sept autres reliefs offerts la même année par l’évêque de Nancy (cat. 14-17), cette œuvre provient sans doute, tout comme eux, d’un grand retable consacré à la Passion du Christ. De taille plus imposante, La Cène devait y tenir une place centrale tout en bas, au plus près de l’autel où le célébrant répétait les gestes et les paroles du Christ lors du dernier repas pris avec ses disciples au soir du Jeudi Saint. L’instant représenté est celui où Jésus annonce que l’un des douze présents autour de la table va le livrer. Les disciples l’interrogent successivement en lui demandant lequel d’entre eux est le traître. La scène est emprunte d’une grande confusion perceptible à travers les gestes des disciples qui se tournent les uns vers les autres en plein désarroi : l’un semble se justifier en croisant les bras sur la poitrine, deux d’entre eux prient les mains jointes, deux autres semblent demander au Christ s’ils sont celui qui va le trahir.

Lorsque Judas, assis au premier plan et portant la bourse dans sa main, l’interroge à son tour : « Rabbi, serait-ce moi ? », le Christ lui répond en le montrant de la main : « C’est toi-même qui l’as dit » (Matthieu, 26, 25). Le malaise de Judas est perceptible à travers son attitude de repli : il est le seul à avoir les jambes serrées, le pied droit marchant même sur le gauche. Derrière lui, un chien est en train de ronger un os. Symbole traditionnel de fidélité, représente-t-il ici la trahison du disciple ? Autour de Jésus, on peut également reconnaître Jean, habituellement figuré comme le plus jeune des disciples, et Pierre, identifiable à sa courte barbe et à son front dégarni. Au centre de la table, l’agneau pascal consommé en souvenir de la libération du peuple juif du joug égyptien symbolise le sacrifice du Christ désigné dans l’Évangile comme l’Agneau de Dieu. Les coupes orfévrées et les miches de pain présentes évoquent quant à elles le Mystère du changement du vin et du pain en Sang et Corps du Christ lors de l’institution de l’Eucharistie. Un grand soin est apporté au traitement des accessoires et éléments du décor (vases, aiguières, coupes et sièges) qui évoquent plutôt la richesse d’un intérieur romain vu à travers le prisme du XVIe siècle.

Pierre-Hippolyte Pénet

 

Historique :

Offerte au musée par Alexis-Basile-Alexandre Menjaud en 1851 avec un ensemble de sept reliefs (95.49) et quatre statues d’évangélistes (1869.1310.1, 1869.1310.2, 95.83 et 95.84). Présentée peut-être dans le vestibule du palais, au dessus de la porte d’entrée de la galerie basse, puis exposée au rez-de-chaussé du palais ducal près de l’escalier du pavillon Morey. Déposée en 2011 puis installée dans l’église des Cordeliers en 2018.

Bibliographie :

Catalogue des objets d’art et d’antiquité composant au mois d’août 1851 le musée historique lorrain établi dans l’ancien palais des ducs de Lorraine, à Nancy, Nancy, Lepage, 1851, cat. 42, p. 6.

CHRISTIN (Olivier) (dir.), Un nouveau monde, Naissance de la Lorraine moderne [cat.exp. Nancy, Musée lorrain, 4 mai – 4 août 2013], Paris, Somogy, 2013, cat. 178, p. 326-327 (notice d’Olivier Christin).