L’Institution du Rosaire

Jean de Wayembourg

Cat. 27
Jean de Wayembourg (Actif à Nancy entre 1592 et 1603)
L’Institution du Rosaire
1597
Huile sur toile
H. 386 ; L. 316 ; Pr. 16 cm
Inv. D.49.2.4
Classé Monument Historique, 1898
Dépôt de l’État, 1849

La production de portraits d’apparat du peintre Jean de Wayembourg, actif au service du duc Charles III de Lorraine de 1592 à 1603, est désormais mieux connue grâce à d’importantes redécouvertes récentes. Commandé par Charles III et sa famille comme tableau votif pour le grand autel de l’église des Minimes de Nancy, il présente une composition centrale en deux niveaux. Au centre d’une nuée, la Vierge Marie et l’Enfant Jésus remettent le rosaire à saint Dominique et saint François de Paule, fondateur de l’ordre des Minimes. Au-dessous de ce premier groupe, la famille ducale est représentée en prière. Le duc Charles III, âgé de cinquante-quatre ans et revêtu d’un manteau à col d’hermine, se tient non loin d’un pape portant la tiare pontificale et une chape brodée au traitement virtuose qui est sans doute Pie V, instigateur de la fête du Saint-Rosaire. Derrière le duc, de droite à gauche, apparaissent ses trois fils : l’aîné Henri (1563-1624), titré marquis de Pont-à-Mousson et futur duc Henri II, puis Charles (1567-1607), nommé évêque de Metz en 1578, fait cardinal en 1591 avant de devenir évêque de Strasbourg en 1592 et primat de Lorraine en 1602, et enfin François (1572-1632), comte de Vaudémont, futur duc François II.

De l’autre côté, la duchesse Claude de France (1547-1575), fille du roi Henri II, décédée depuis vingt-deux ans lors de la réalisation de la toile, fait face à son époux. À ses côtés se tient sainte Catherine de Sienne derrière laquelle on distingue quatre des six filles du couple ducal : Christine (1565-1637), duchesse de Toscane depuis 1589, Antoinette (1568-1610), future duchesse de Clèves, Catherine (1573-1648), future abbesse de Remiremont, et Élisabeth (1574-1635), duchesse de Bavière depuis 1595. Entourant cette composition centrale, une large bordure contenant quinze médaillons développe les mystères du Rosaire depuis l’Annonciation jusqu’au Couronnement de la Vierge. Les cinq premiers médaillons en partant de l’angle supérieur droit de la toile représentent les mystères joyeux symbolisés par les roses qui les relient. Suivent ensuite les cinq mystères douloureux accompagnés par des couronnes d’épines puis les cinq mystères glorieux, encadrés par des palmes, qui concluent le cycle. Dans les quatre angles de la toile apparaissent les évangélistes Jean, Matthieu, Marc et Luc. L’étude du style et de la commande du Rosaire révèle que si Wayembourg peignit les portraits, il abandonna la bordure à un autre peintre.

En 1794, la toile fut transférée au Muséum de Nancy puis accrochée sur le mur sud de la chapelle de Saint-Roch à la cathédrale. Repéré par l’historien d’art Philippe de Chennevières, le tableau figura à l’Exposition universelle de 1878 comme « la plus importante peinture historique que possède la Lorraine ». Une place d’honneur, au centre du salon principal, lui fut réservée lors de cette exposition et on lui attribua une médaille. Il reprit sa place dans la cathédrale en 1880 avant d’être déposé, en 1949, au Musée lorrain et placé dans l’église des Cordeliers.

Pierre-Hippolyte Pénet

Historique :

Maître-autel de l’église des Minimes de Nancy. Saisi en 1794, transférée au Muséum de Nancy (chapelle de la Visitation) puis à la cathédrale dans la chapelle de Saint-Roch. Déposée aux Cordeliers en 1849. Déplacée au palais ducal en 1980 dans la galerie des Cerfs où elle est présentée jusqu’en 2004 puis replacée dans l’église en 2018.

Bibliographie :

LIONNOIS (Jean-Jacques), Histoire des villes vieille et neuve de Nancy depuis leur fondation jusqu’en 1788, Nancy, Haener, 1811, t. II, p. 290-291.

LEPAGE (Henri), « Quelques notes sur des peintres lorrains des XVe, XVIe et XVIIe siècles », Bulletins de la Société d’archéologie lorraine, 1853, p. 58-59.

AUGUIN (Edgard), Monographie de la cathédrale de Nancy depuis sa fondation jusqu’à l’époque actuelle, Nancy, Berger-Levrault, 1882, p. 159-182.

MARTIN (Eugène), Guide historique de la cathédrale primatiale de Nancy, Nancy, Barbier, 1940, p. 29-30.

SYLVESTRE (Michel), « L’art et les dévotions », L’art en Lorraine au temps de Jacques Callot [cat. exp. Nancy, musée des Beaux-Arts, 13 juin – 14 septembre 1992], Paris, Réunion des musées nationaux, 1992, p. 354 et 408-409.

JACOPS (Marie-France), « Dévotions mariales et images en Lorraine au XVIIe et XVIIIe siècles », Comme on connaît ses saints, on les honore… Images de saints vénérés en Lorraine [cat. exp. Jarville-la-Malgrange, musée de l’Histoire du fer, 20 décembre 1993 – 31 mars 1994 ; Saint-Dié des Vosges, Musée municipal, 6 avril – 12 juin 1994 ; Verdun, musée de la Princerie, 1er juillet – 31 août 1994 ; Sarrebourg, musée du Pays de Sarrebourg, 15 septembre – 30 octobre 1994 ; Nancy, Musée lorrain, 15 novembre 1994 – 15 janvier 1995], Sarrebourg, Association générale des Conservateurs des Collections publiques de France, Section fédérée de Lorraine, 1994, p. 126-131.

GELLY-SALDIAS (Clara) (dir.), De l’an II au sacre de Napoléon, le premier musée de Nancy [cat. exp. Nancy, musée des Beaux-Arts, 23 novembre 2001 – 4 mars 2002], Paris, Réunion des musées nationaux, 2001, cat. 28, p. 100 (notice de Clara Gelly-Saldias).

CHRISTIN (Olivier) (dir.), Un nouveau monde, Naissance de la Lorraine moderne [cat. exp. Nancy, Musée lorrain, 4 mai – 4 août 2013], Paris, Somogy, 2013, cat. 211, p. 346-347 (notice de Francine Roze).

CHONÉ (Paulette) et PÉNET (Pierre-Hippolyte), « Jean de Wayembourg, peintre à la cour du duc Charles III de Lorraine. Un portraitiste redécouvert », Le Pays lorrain, septembre 2019, p. 203, 217-221, 230.