Reliefs de la Passion du Christ

En 1851, l’évêque de Nancy Alexis-Basile-Alexandre Menjaud (1791-1861) offrit au nouveau Musée lorrain un ensemble de sculptures religieuses composé de sept reliefs de taille similaire, d’un huitième plus large représentant La Cène (cat. 18) et de quatre statues des évangélistes. Retraçant les différents épisodes de la Passion du Christ, les sept premiers reliefs proviendraient du calvaire qu’avait fait ériger le prédécesseur de l’évêque, Charles de Forbin-Janson (1785-1844), près de l’ancien manège des Pages de Nancy. Cette présentation faisait ainsi écho à un autre calvaire bâti par le prélat à Suresnes où il s’était installé sous la Restauration. L’ensemble conservé au musée comprend également les représentations de La Pâmoison de la Vierge, de La Crucifixion et de La Résurrection. Leur destination initiale est inconnue mais il est probable que, joints au relief de La Cène, ils aient fait partie d’un grand retable sculpté dédié à la Passion.

Le traitement extrêmement dynamique des scènes sculptées permet d’accentuer leur aspect dramatique afin d’émouvoir le fidèle. Au mont des Oliviers, trois épisodes se juxtaposent selon une formule traditionnelle : alors qu’au premier plan, les disciples Pierre, Jacques et Jean ont sombré dans le sommeil, le Christ vit son agonie au second plan tandis que Judas fait irruption dans le jardin avec des soldats, la bourse à la main. Sur le relief du Baiser de Judas, la dynamique formée par les lances et les têtes des soldats conduit le regard vers la scène centrale : Judas trahit le Christ en l’identifiant par un baiser tandis qu’un bourreau lie déjà les mains de ce dernier. Alors que Pierre s’apprête, à l’extrême gauche, à trancher l’oreille de Malchus, serviteur du grand-prêtre, Jacques et Jean s’enfuient à l’arrière-plan. Un soin particulier est accordé aux tenues des soldats romains dont les casques et les boucliers sont traités comme des pièces d’orfèvrerie.

Conduit chez Hérode, le Christ est représenté en proie aux moqueries de ce dernier qui semble le menacer de son sceptre ainsi qu’à celles des prêtres et des soldats aux traits caricaturaux. Certaines lances sculptées en très faible relief sous l’arcade offrent l’impression de voir pénétrer dans le palais une troupe nombreuse de soldats. La Montée au Calvaire est également traitée avec un mouvement puissant. Au centre, Jésus, portant sa croix avec l’aide de Simon de Cyrène, tombe au sol en étant approché par Véronique qui s’apprête à lui essuyer le visage de son linge. De part et d’autre, deux bourreaux s’apprêtent à lui asséner de violents coups de gourdin, l’un d’entre d’eux semblant léviter au centre de la composition. À l’arrière plan, les Saintes Femmes sortent en pleurant de Jérusalem tandis qu’à droite un soldat souffle dans sa trompette dressée vers le ciel. Le vent parait gonfler l’étendard situé derrière lui, participant ainsi au dynamisme de la scène.

Pierre-Hippolyte Pénet